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ENQUÊTE

elles. Le Romantisme n’a glorifié que les micas insectes et coquillages de ce sable, le Naturalisme a dressé la comptabilité de ses grains ; les écrivains à venir joueront de ce sable puis lui souffleront dessus afin de ressusciter le symbole enseveli, l’hamadryade essentielle, le cœur qui bat de l’aile au centre de tout, l’esprit de la substance. Le monde physique est un vase empli de métaphysique. Chaque chose est un tabernacle d’Isis, chaque chose est une idée ayant sur elle la poussière de l’exil. La Vérité c’est la charbonnière, avant le débarbouillage, la Beauté cette même charbonnière débarbouillée. En étreignant la première, c’est la seconde qu’il faut violer. Mais que l’on soit avant tout possédé de cette foi qui permettait à sainte Térèse de voir Dieu réellement dans l’hostie.

Puisque la Toute-Beauté, cette résultante, s’est évanouie du monde sensible et que parmi nous grouillent, çà et là, ses composantes, le problème à résoudre est : quelles sont les forces à marier pour inventer la Toute-Beauté ? L’univers figurant une catastrophe d’Idées, comment les réordonner pour ériger leur Idée, leur Synthèse ?

— Mais le public ? objecterez-vous, Monsieur.

— Ce Sicambre nous lapidera d’abord et nous coulera plus tard, en bronze. Simple comme l’œuf de l’impavide Christophe ! Je ne professe pas à l’égard des Gentils l’intolérance de saint Augustin. Tertullien émet, avec une politique noblesse, qu’il est