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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/183

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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

Montépineurs égotistes qui nous imposent leurs masturbations d’homuncules à la coque !

Cette machine à coudre de ce qu’on entend nommer la Littérature, voilà bien la pire décadence !

Debout ! la croisade du Génie !

Le Génie table sur les vallons humains. Mais ces moissons, mais ces vendanges que les véristes donnent à brouter, à grapiller sur place, telles quelles, le Génie les emporte au moulin, au pressoir spéciaux de son âme, puis les confie soit au four, soit à la cuve de sa foi : enfin, ces moissons et ces vendanges, le Génie les offre sous l’or des espèces glorieuses, chantant avec images : « Agréez ce festin, frères d’ici-bas. Dans vos champs j’ai récolté la brune Douleur. Cette Douleur, je l’ai gardée pour moi seul. Cette Douleur, je l’ai fécondée. Agréez ce festin, enfant que j’eus de la triste femme. Ô frères d’ici-bas, voici ma fille, adorez-la, car cette fille — c’est la Joie ! »

De la sorte, cher maître Huysmans, le Génie est le Paraclet prénommé le Consolateur.

Oh ! le Génie hante une subtile cité sise entre l’ici-bas et l’au-delà. Si j’osais parler en géomètre, j’insinuerais que cette Cité existe au baiser que le sommet de la divine pyramide penchée donne à l’humaine pyramide dressée. Les pluies viennent de ce pays sans doute, car les poètes y pleurent. Ce magique territoire a des lois et des êtres nouveaux : êtres et lois,