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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

poètes regrettent le vieil avenir : éloigné Chanaan où les œuvres d’art seront des Idées sensifiées ayant l’existante vertu d’une source, d’un amour, d’un triomphe, d’une colline ou d’un océan, Chanaan où les Odes se mireront dans les fontaines, les Élégies déperleront sur les colonnes abattues, les Passions s’agiteront sur la scène des vallons.

Oui, je prédis une époque lointaine où le pur Absolu descendra chez la Matière, pour à la longue s’y substituer, de par l’effort accumulé des poètes des siècles révolus. Oui, s’épanouira cette heure miraculeuse où, ayant été sollicitées et séduites chaque jour davantage par la génération des élus, mesdemoiselles les Idées voyageront réellement en notre monde.

Alors ! oh ! alors trop heureux, c’est-à-dire malheureux de leur mine patibulaire devant cette invasion de supérieures Charmantes, les derniers mortels iront se cacher dans les sépulcres — et s’ouvrira la Restauration de l’une Beauté complexe.

Les hommes auront passé, mais Elle restera.

Ç’aura été l’honneur du monde sensible d’avoir régénéré la Beauté parfaite qui le façonna, de ses membres brisés, au dernier instant de la Vie Antérieure. Et ce sera la Vie Future !

Ceux-là, monsieur, seront Magnifiques, qui, paysans de la vie, spéculatifs écoliers de la chair et de l’esprit, étudieront l’Être par l’être, pensant selon j’oublie