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Page:Huret - Enquête sur l’évolution littéraire, 1891.djvu/277

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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

— Les poitrinaires chics de la littérature ? dit-il. Leurs jours sont comptés, mais, comme de vrais phtisiques qu’ils sont, ils ne se voient pas mourir ; et, dans les milieux où sonne leur toux, on leur cache leur position en les couvrant de fleurs : ce sont de beaux mariages, des sièges à la Chambre, des décorations, etc., etc… Mais, tonnerre ! qu’on leur colle des bureaux de tabac, et qu’ils nous fichent la paix ! Quant à Lemaître et à Anatole France, c’est quelque chose de pire : la sournoiserie dans la malfaisance. Celui des Débats avec son sourire de vitrier, qui grince en coupant le verre, celui du Temps qui jamais n’a taillé sa plume pour parler d’une œuvre d’art, d’une œuvre intéressante. Il y a cependant au Temps, comme partout, des lecteurs intelligents et lettrés qui ne seraient pas fâchés d’être tenus au courant du mouvement de la jeune littérature. Jamais, vous m’entendez bien, jamais Anatole France n’a daigné parler des efforts des jeunes… Si encore il les discutait ! Mais non, rien… Ah ! si, de temps en temps, il lance un Moréas, parce qu’il sait que ça ne tire pas… à conséquence, d’abord, et à plus de deux ou trois cents exemplaires, ensuite. Est-ce que ça compte ? En revanche, qu’un livre de valeur soit publié, vous lirez au Temps, dans le mois de son apparition, un article sur Pascal, un autre sur la Vie des Saints un troisième sur… un sonnet de Boileau ! Il garde celui-là en réserve pour la semaine où Huysmans donne Là-