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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

d’esprits, je crois que c’est cela. Mon vieil ami Stéphane Mallarmé, avec lequel je fus très lié et que je comprenais fort bien autrefois, eh bien, je ne le comprends plus à présent !

— Considérez-vous le symbolisme comme une suite du Parnasse ou comme une réaction contre lui ?

— Ni comme l’une ni comme l’autre. Ou plutôt si, c’est évidemment, comme je vous l’ai dit, une réaction d’enfants et d’impuissants, contre un art viril et difficile à atteindre.

— Et contre l’impassibilité… ?

— En aura-t-on bientôt fini avec cette baliverne ! Poète impassible ! Alors quand on ne raconte pas de quelle façon on boutonne son pantalon, et les péripéties de ses amourettes, on est un poète impassible ? C’est stupide.

Comme c’est curieux, ce besoin d’éreinter ses aînés ! Hugo, jusqu’à Hugo qu’on veut déboulonner ! Je sais bien qu’il n’est pas parfait, qu’il est plein de trous et de verrues, mais dans toutes ses œuvres il y a des morceaux de haute perfection et en telle quantité qu’il demeure encore un formidable poète. Eh bien ? il n’est pas jusqu’au dernier des symbolistes qui, à l’exemple de Jules Lemaître, ne s’ingénie à le représenter comme un simple jocrisse ! Au moins le Parnasse a ce mérite de n’avoir pas renié ses auteurs…

— Selon vous, Maître, vers où s’oriente la littérature ?