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SUR L’ÉVOLUTION LITTÉRAIRE

« Nous transfretons la séquane au dilicule et au crépuscule… puis cauponisons ès tavernes méritoires… nous inculcons nos verètres ès pudendes de ces meretricules amicabilissimes… m’irrorant de belle eau lustrale, élue et absterge mon anime de ses inquinaments nocturnes. »

La Collantine, de Furetières, et les amis de Gombault, faisaient paraître le même style ; il fallut que Malherbe vînt et biffât tout son Ronsard pour détourner le goût français de ces chemins rocailleux. Le principal effort des jeunes littérateurs contemporains consiste, comme je le crois, à découvrir la Pléiade et à la traduire en moldo-valaque.

Récemment, Barrès inventait Ignace de Loyola, auquel il voulait bien reconnaître des mérites égaux à ceux de M. Deschanel. Je ne désespère point, avant ma mort, de rencontrer un hardi novateur par qui nous seront appertes les Oraisons funèbres, et qui nous fera savoir qu’il existe, sous le nom d’Athalie, un drame assez honnêtement charpenté.

— Vous avez lu le Pèlerin passionné ?

— Et je suis passionné pour ce pèlerin, encore que la facture moins inattendue des Cantilènes et des Syrtes par quoi nous fut révélé Jean Moréas, s’accorde mieux à mes habitudes spirituelles et me laisse goûter sans effort les riches trouvailles de ce glorieux artisan. Sous le même titre (Passioned Pilgrim), Shakespeare écrivit un poème qu’ont fait oublier la