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introduction.

L’homme n’a pas toujours existé ; certaines formes de la vie organique existaient avant lui : ou il en dérive ou il n’en dérive pas. S’il n’en dérive pas, son existence est surnaturelle ou miraculeuse, ce qui est non-seulement hypothétique, mais contradictoire ou tout au moins indémontrable. On sait en effet que rien ne naît de rien, et comme tout change sans cesse, tout est nécessairement une transformation ; donc les formes vivantes dérivent les unes des autres, et jusqu’au jour où on aura démontré qu’il peut s’en former de toutes pièces là où il n’y en avait pas, on sera en droit de dire qu’elles ont toujours existé, nécessairement sous d’autres formes, ce que confirme la paléontologie. Mais pour que ces vues puissent se soutenir, il faut vérifier trois ordres similaires de faits, savoir : la non-fixité de l’espèce, la transformation des types[1] et établir la série animale que traversent les espèces modifiées graduellement. Il faut enfin appliquer aux hommes les idées déduites de cet examen.

Tel a été le plan que, naturellement, j’ai suivi ; personne mieux que moi ne peut apprécier ses lacunes et l’insuffisance des détails dans l’exécution. Mon ambition est d’être lu, non avant le texte traduit, mais après ; et mon espoir d’avoir tracé un cadre dans le-

  1. Au moment de mettre sous presse, on nous communique une excellente brochure de M. G. Pennetier sur la Mutabilité des formes organiques ; nous regrettons extrêmement de n’avoir pas connu plus tôt ce travail récent, mais nous espérons nous en servir dans les notes du texte de M. Huxley.