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histoire naturelle

l’orang-outang, et de nous servir des relations parfaitement dignes de foi que nous en avons, comme d’une sorte de criterium de la vérité ou des erreurs de celles que nous avons sur les autres espèces de singes.

Une douzaine d’espèces de gibbons sont disséminées dans les îles de l’Asie, Java, Sumatra, Bornéo, dans la presqu’île de Malacca, dans les contrées de Siam et d’Arracan, et même dans l’Hindoustan et sur le plateau central de l’Asie, nous ignorons dans quelle étendue. Les plus grands ont 3 pieds et quelques pouces du sommet de la tête aux talons, en sorte qu’ils sont plus petits que les autres anthropoïdes ; en outre, la maigreur de leurs corps rend finalement leur masse beaucoup moindre, même en proportion de cette petitesse.

Un naturaliste hollandais très-distingué, le docteur Salomon Müller, qui vécut bien des années dans l’archipel asiatique, et à l’expérience personnelle de qui j’aurai souvent l’occasion de m’en rapporter, dit que les gibbons sont de véritables montagnards, et qu’ils aiment les pentes des collines et les forêts, quoiqu’ils s’élèvent rarement au delà de la limite des figuiers. Tout le jour ils hantent le sommet des grands arbres, et bien que vers le soir ils descendent en petites troupes dans les plaines, aussitôt qu’ils aperçoivent un homme, ils se glissent dans les bois montueux et disparaissent dans les sombres vallées.

Tous les voyageurs témoignent du volume prodigieux de la voix de ces animaux. Selon l’auteur que je viens de citer, chez l’un d’eux, le siamang, « la voix est grave et pénétrante, elle ressemble aux sons gōek, gōek, gōek, gōek, ha, ha, ha, hààaà, et peut être facilement entendue à la distance d’une demi-lieue. » Pendant toute la durée de ce cri, le grand sac membraneux qui est sous la gorge et qui communique avec l’organe de la voix, le « sac laryngien »