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histoire naturelle

ses seuls organes de locomotion. Son corps suspendu comme par une corde, étant soutenu d’une main (la droite, par exemple), elle se lance, par un mouvement énergique à une branche lointaine qu’elle saisit de la main gauche. Mais cet appui n’est que momentané ; l’impulsion nécessaire pour un nouvel élan est acquise. La branche désirée est de nouveau saisie par la main droite et quittée instantanément et ainsi alternativement d’une branche à l’autre. De cette manière, elle franchit des espaces de 12 et de 18 pieds avec la plus grande facilité pendant des heures, sans la plus légère apparence de fatigue, et il est évident que si l’espace était plus grand, elle pourrait franchir des distances excédant de beaucoup 18 pieds ; de sorte que l’étonnante assertion de Duvaucel, qu’il a vu ces animaux se lancer d’une distance de 40 pieds d’une branche à une autre, peut être tenue pour vraie. Parfois en saisissant une branche dans sa course, elle se jette par la force d’un seul bras en tournant autour de cette branche et fait cette évolution avec une telle rapidité, que l’œil ne peut la suivre ; elle reprend ensuite sa course avec une nouvelle rapidité. Il est curieux d’observer avec quelle soudaineté s’arrête le gibbon quand il semblerait que la vitesse acquise par la rapidité et par la distance de ces sauts d’escarpolettes dût exiger une diminution graduelle de ses mouvements ; c’est tout d’un coup, au milieu de cette course furieuse, qu’une branche est saisie, le corps soulevé et qu’on la voit comme par un effet magique, tranquillement assise, embrassant une branche de ses pieds. Tout aussi soudainement elle se lance de nouveau dans l’espace. Les faits suivants donneront quelques notions sur sa dextérité et sur sa vélocité. Un oiseau vivant fut lâché dans sa cage. Elle étudia son vol, elle fit un long saut à une branche distante, saisit l’oiseau d’une main à son passage et de l’autre atteignit la branche, cette double visée à l’oiseau