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histoire naturelle

ment accroupi sur une branche volumineuse, à la manière des autres singes et particulièrement du gibbon ; au contraire, l’orang se borne aux branches grêles et touffues, de sorte qu’on le voit tout droit au sommet d’un arbre, mode d’existence qui est étroitement lié à la conformation de ses membres inférieurs et spécialement à celle de son siège, car il n’a point les callosités[1] que possèdent beaucoup de singes inférieurs et même les gibbons ; et les os du bassin, que l’on appelle ischion et qui constituent la charpente osseuse de la surface sur laquelle le corps repose dans la position assise, ne sont point développé comme celles des singes qui ont des callosités, mais sont bien plutôt comme celles de l’homme. Un orang grimpe si lentement et si prudemment[2], que, dans cette action, il ressemble plutôt à un homme qu’à un singe, car il prend le plus grand soin de ses pieds ; il semble qu’il ressent beaucoup plus que les autres singes tout accident à ces parties. À l’opposé de gibbons, dont les avant-bras exécutent la plus grande partie du travail quand ils se balancent d’une branche à l’autre, l’orang ne fait jamais le plus petit saut. Lorsqu’il grimpe, il meut alternativement une main et un pied, ou, après avoir saisi solidement un point d’appui avec les mains, il tire à lui les deux pieds simultanément. En passant d’un arbre à l’autre, il choisit toujours un endroit où les branches viennent se réunir ou s’enlacent. Même quand il est poursuivi de près, sa circonspection est étonnante ; il secoue les branches pour voir si elles peuvent le porter, et, ployant une branche pendante en lançant graduellement

  1. Voir la note page 127.
  2. « Ils sont les plus lents et les moins actifs de tous les singes, et leurs mouvements sont étonnamment maladroits et bizarres. » (Sir James Brooke, Proceedings of the Zoological Society, 1841.)