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des singes anthorpomorphes

Mais, quoique doué d’une force énorme, il est rare que l’orang essaye de se défendre, surtout quand il est attaqué avec des armes à feu. Dans ces occasions, il s’efforce de se cacher et se réfugie au sommet des arbres, brisant et jetant en fuyant les branches par terre. Quand il est blessé, il se retire au point le plus élevé de l’arbre et fait entendre un cri singulier poussé d’abord en notes aiguës et se terminant en un grognement sourd assez semblable à celui de la panthère. Pendant qu’il émet les notes élevées, l’orang donne à ses lèvres la forme d’un entonnoir ; mais en formant les notes graves, il laisse sa bouche toute grande ouverte et en même temps le grand sac de la gorge ou sac laryngien se distend.

Selon les Dayacks, les seuls animaux avec qui les orangs mesurent leurs forces sont les crocodiles, qui parfois les saisissent dans leurs excursions au bord de l’eau ; mais ils disent que l’orang est plus que l’égal de son ennemi et qu’il le frappe jusqu’à le tuer ou qu’il lui déchire le gosier en écartant violemment ses deux mâchoires !

Des choses qui viennent d’être rapportées, beaucoup proviennent des informations que le docteur Müller a tirées de

    jetant des branches quand on les poursuivait. « Il est vrai, dit-il, qu’ils ne les jetaient pas directement, mais ils les lançaient verticalement de haut en bas ; car il est évident qu’une branche d’arbre ne peut être lancée à une distance quelconque du sommet d’un arbre touffu. Dans un cas, un Mias femelle, qui était sur un arbre, lança pendant dix minutes une pluie de branches et de fruits lourds à épines, gros comme un boulet de 32, qui réussit à nous éloigner de l’arbre sur lequel elle était. On pouvait la voir brisant les branches et les jetant avec rage, lançant par intervalles un grognement profond pendant l’inspiration et méditant évidemment quelque mauvais coup. » (On the habits of the orang-utan. — Ann. of natur. Hist, 1856.) On peut remarquer que ce document est tout à fait d’accord avec celui que contient la lettre citée plus haut du révérend M. Palm. (Voyez p.117.)