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de l’homme et des animaux.

Toutefois, non-seulement l’homme possède exceptionnellement treize paires de côtes[1], mais le gorille en compte quelquefois quatorze paires, tandis que le squelette d’un orang-outang qui est au Musée du collège royal des chirurgiens de Londres, a douze vertèbres dorsales et cinq lombaires comme l’homme. Cuvier note le même nombre chez un hylobates. D’un autre côté, parmi les singes inférieurs, plusieurs possèdent douze vertèbres dorsales et six ou sept lombaires ; le douroucouli compte quatorze dorsales et huit lombaires ; et un lémurien (stenops tardigradus) a quinze vertèbres dorsales et neuf vertèbres lombaires.

La colonne vertébrale du gorille, dans son ensemble, diffère de celle de l’homme par le caractère moins marqué de ses courbures[2], notamment par la moindre convexité de la région lombaire ; les courbures existent néanmoins et sont tout à fait évidentes chez les jeunes squelettes de gorille et

  1. « Plus d’une fois, dit Camper, j’ai rencontré plus de six vertèbres lombaires chez l’homme ; une fois j’ai rencontré treize côtes et quatre vertèbres lombaires. » Fallope a fait la même découverte, et Eustache a trouvé une fois onze vertèbres dorsales et six lombaires (P. Camper, Œuvres, t. I, p. 42). Ainsi que Tyson le rapporte, son « pygmée » avait treize paires de côtes et cinq vertèbres lombaires. La question des courbures du rachis chez les singes demande des études plus complètes.
  2. « Les trois courbures de la colonne vertébrale, dit M. Pruner-bey, ne sont jamais aussi prononcées chez le nègre que chez le Touranien et chez l’Aryen. » (Mém. sur les nègres.) L’anatomie comparée des courbures du rachis est une question presque entièrement neuve qui mériterait une étude spéciale. M. Duchenne (de Boulogne), dans son savant ouvrage (Physiologie des mouvements, Paris, 1867, p. 728), a tout récemment étudié la courbure lombo-sacrée qu’il a trouvée chez quelques sujets tellement prononcée, qu’il la désigne sous le nom d’ensellure (voyez fig. 16 ; 5 et 6). Il rappelle à cette occasion la cambrure des Andalouses, des Péruviennes, des femmes de Boulogne-sur-Mer et des Hottentotes. M. G. Lagneau, reprenant cette question, a fait de cette ensellure un caractère ethnique ; mais MM. Martin de Moussy et Guerlain voient là le résultat de certains exercices ; MM. Giraldès et U. Trélat font intervenir la pathologie et supposent que certains cas d’incurvation lombo-sacrée pourraient être dus au rachitisme (voyez Bull. de la Soc. d’anthr., 1866, p. 633, et 1867, p. 105). (Trad.)