Page:Huxley - De la place de l'homme dans la nature.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
de l’homme et des animaux.

ment dit. Chez le second, les proportions sont inverses : chez l’homme, le trou occipital, à travers lequel passe le volumineux cordon nerveux qui unit le cerveau aux nerfs périphériques — et qui est appelé moelle épinière — est situé derrière le centre de la base du crâne qui se trouve ainsi en parfait équilibre dans la position verticale ; chez le gorille, il est situé au tiers du postérieur de cette base[1] ; chez l’homme, la surface du crâne est relativement lisse, et les arcades sourcilières ne s’avancent généralement que fort peu, tandis que, chez la gorille, d’énormes crêtes se développent sur le crâne, et que les arcades sourcilières surplombent en bourrelets les cavité orbitaires à la manière des verandahs.

Cependant quelques coupes pratiquées sur le crâne du gorille montrent que la plupart de ces imperfections apparentes ne dépendent pas tant de l’insuffisance de la boîte cérébrale que d’un développement excessif de certaines parties de la face. La cavité crânienne n’est pas d’une

  1. Gratiolet, dans une de ses dernières communications à la Société d’anthropologie, a dit que, chez l’homme, le plancher supérieur de l’orbite est entièrement recouvert par le cerveau ; chez le chimpanzé, le tiers supérieur de l’orbite est seul recouvert, et chez le gorille, cette disposition se prononce encore plus. On arrive, ajoute-t-il, à démontrer ce fait par une expérience très-simple : en enfonçant une tige métallique, chez le crâne humain, au-dessus de l’arcade sourcilière, elle pénètre dans la cavité crânienne ; chez le chimpanzé, on y arrive encore en donnant à la tige une direction un peu plus oblique ; mais, chez le gorille, ce n’est plus dans l’intérieur du crâne que la tige vient faire saillie, mais dans la cavité orbitaire (Bull. de la Soc. d’anthr., 1864, p. 634). C. Vogt a répété la même expérience chez les microcéphales, comparés aux blancs, aux nègres et aux singes. Le résultat constant, dit-il, est que le plan mentionné (tige de Gratiolet) couperait une partie considérable du lobe cérébral antérieur, plus considérable chez le blanc, moindre chez le nègre, d’une longueur de 2 ou 3 millimètres chez le chimpanzé, point du tout chez le gorille, et selon leur degré de développement mental, de 0 à quelques millimètres chez les microcéphales (Mémoire sur les microcéphales, Genève, 1867, p. 53). (Trad.)