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rapports anatomiques

inférieurs descendent au-dessous de celle des singes les plus élevés, presque autant que ces dernières s’éloignent de celles de l’homme[1]. En sorte que, d’une part, même au point de vue si important de la capacité crânienne, les hommes peuvent différer plus profondément les uns des autres qu’ils ne différent des singes ; et que, d’autre part, les singes inférieurs se distinguent tout autant des singes supérieurs, que ces derniers se distinguent de l’homme. Cette proposition sera mieux démontrée par l’étude des modifications que subissent les autres parties du crâne dans la série simienne.

C’est le volume relativement considérable des os de la face et la grande projection des mâchoires qui donnent au crâne du gorille son petit angle facial et son caractère animal. Mais si nous considérons le volume des os de la face, par rapport au crâne proprement dit, le petit Chrysotrix (G. Saïmiri, Platyrrhiniens, fig. 25) diffère notablement du gorille et de la même façon que l’homme lui-même en diffère ; tandis que les babouins (Cynocéphales, fig. 25) offrent, à un degré excessif, les massives proportions de la mâchoire du grand anthropoïde, de sorte que son visage, auprès des leurs, semble doux et humain. Les différences entre le gorille et le babouin sont mêmes plus grandes qu’elles ne paraissent au premier abord, car la grande masse faciale du premier est due principalement au développement inférieur ou vertical des mâchoires, carac-

  1. Vogt a donné un tableau très-complet des capacités crâniennes de 50 singes anthropomorphes, le maximum lui étant fourni par un vieux gorille (Duvernoy) qui jaugeait 500ccub, le minimum par un jeune orang qui jaugeait 280c. (Mém. sur les microcéphales, p. 79.) Quant aux microcéphales, le maximum des adultes, sur sept cas qu’il a étudiés, a été 622c, le minimum (Loc. cit., p. 54.) Si, avec Vogt, on reconnaît que les microcéphales sont des hommes (et s’ils ne sont point des hommes, que sont-ils donc ?), on voit que la série des volumes est complète. (Trad.)