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rapports anatomiques

ou si elle est petite. Souvenez-vous, si vous le voulez, qu’il n’y a aucun lien entre l’homme et le gorille, mais n’oubliez pas que la ligne de démarcation n’est pas moins profonde, et, en l’absence de formes intermédiaires, n’est pas moins complète entre le gorille et l’orang ou entre l’orang et le gibbon. Je dis que, pour ces derniers, la ligne de démarcation n’est pas moins tranchée, quoiqu’elle soit quelquefois plus étroite. Les différences anatomiques entre l’homme et les singes anthropomorphes nous autorisent certainement à le considérer comme formant une famille distincte ; mais comme il diffère moins de ces singes qu’eux-mêmes ne diffèrent d’autres familles du même ordre, il n’y a aucune raison pour le placer dans un ordre distinct.

Ainsi se trouve justifiée la sagace perspicacité du grand législateur de la zoologie méthodique, Linnée, et un siècle de recherches anatomiques nous ramène à sa conclusion : que l’homme est un membre du même ordre que les singes et les lémuriens, auquel la dénomination linnéenne de Primates doit être conservée. Cet ordre peut maintenant se diviser en sept familles d’une valeur systématique à peu près égale, à savoir : la première, les anthropiniens, qui ne renferme que l’homme seul ; la seconde, les catarhiniens, qui embrasse tous les singes du vieux monde ; la troisième, les platyrhiniens, tous les singes du nouveau monde, excepté les marmousets ; la quatrième, les arctopithèques, qui contient les marmousets ; la cinquième, les lémuriens, desquels le cheiromys serait probablement exclu pour former une sixième famille distincte, les cheiromyniens, tandis que la septième, les galeopithèciens, comprendrait seulement les lémuriens volants (galeopithecus), forme étrange qui touche presque aux chauves-souris, de même que le cheiromys semble revêtu d’une enveloppe de rongeur, et que le lémurien ressemble aux insectivores.