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INTRODUCTION.

un pareil sujet tout a été dit, tout a été supposé, tout a été affirmé, tout aussi, jusqu’au fait même d’une origine quelconque, a été nié.

Dans ces derniers temps, la seule école philosophique qui, de nos jours, se soit présentée avec un système complet embrassant tout le savoir humain, a tracé il est vrai une ligne profonde de séparation entre ce qu’il est donné à l’homme de connaître, et qui fait l’objet des sciences et ce qui échappe à sa connaissance. Les causes premières et finales, les origines et les destinées rentrent dans cette dernière catégorie, à ce point que la question de l’unité ou de la pluralité des hommes en tant qu’espèces naturelles a été rejetée comme non scientifique par les disciples du positivisme. À plus forte raison, le problème fondamental des commencements est-il déclaré a priori insoluble comme non vérifiable. « …Toutes les questions absolues, a écrit récemment M. Littré, c’est-à-dire les questions qui s’occupent de l’origine et de la fin des choses, sont hors du domaine de la connaissance humaine et par conséquent ne peuvent plus diriger les esprits dans la recherche, les hommes dans la conduite et les sociétés dans le développement. L’origine des choses, nous n’y avons pas été ; la fin des choses, nous n’y sommes pas ; nous n’avons donc aucun moyen de connaître ni cette origine, ni cette fin[1]. »

  1. Littré, A. Comte et la philosophie positive, 1863, p. 107.