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analyse des travaux anthropologiques

l’homme de la grotte d’Arcy, tandis que l’homme de la Naulette n’a plus du tout de menton, qui se déplace en arrière presqu’autant que chez le chimpanzé ; 3o la hauteur relative du maxillaire inférieur décroît de la même façon, tandis que son épaisseur relative croît au contraire du blanc au singe, en passant par les mêmes intermédiaires ; 4o chez le blanc, les apophyses geni sont fortement accusées, elles sont presque effacées sur la mâchoire de la grotte d’Arcy et sont remplacées sur celle de la Naulette par une fossette conique, laquelle est plus profonde encore chez le chimpanzé ; 5o la courbe de l’arcade dentaire est, chez le blanc, parabolique ; chez l’Australien, les deux branches deviennent parallèles ; chez l’homme de la Naulette, la courbe devient elliptique à partir de la première molaire, de sorte que la troisième molaire est plus rapprochée que la deuxième de la ligne médiane ; chez le singe, l’ellipse se referme un peu plus. Il est difficile de n’être pas frappé du caractère rigoureux de cette belle analyse et de se refuser plus longtemps à admettre que, jusque dans les détails les plus minutieux, la série se démontre rigoureusement alors même que la rareté des débris humains limite étroitement le champ de la comparaison. À ce titre, la convaincante communication de M. Broca vient prendre place à côté des plus décisives observations de M. Huxley.

En terminant, M. Broca a insisté une fois de plus sur l’indépendance de la doctrine sériaire des êtres vivants, par rapport à la théorie de leur transformation progressive. Alors même que celle-ci serait démontrée fausse, celle-là n’en recevrait pas la moindre atteinte ; mais, d’autre part, la prolongation de la série biologique jusqu’à l’homme pose pour celui-ci le problème de la transformation, ni plus ni moins que pour le reste de la faune. Jusqu’à présent l’éminent professeur n’admet le darwinisme qu’à titre d’hypo-