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transformation des formes organiques.

les modifications organiques que produisent les changements d’habitudes chez les pics et les pétrels, et chez un grand nombre d’animaux. Mais, malgré les vues très-ingénieuses émises par mademoiselle Royer sur l’origine des reptiles volants et sur les transformations récurrentes[1] des oiseaux et des mammifères, tout ce que nous savons sur cette

  1. Au sujet de ces métamorphoses récurrentes, on lira ici avec intérêt une note que je dois encore à l’obligeance de mon savant ami M. P. Fischer, aide naturaliste au Muséum :

    « Il serait inexact d’admettre un perfectionnement dans le développement d’un même animal depuis les premiers moments de la période embryonnaire. Si la proposition est vraie en général, elle offre de nombreuses exceptions, et ces exceptions rentrent dans la classe des métamorphoses régressives.

    « Ainsi l’embryon de l’huître représente un animal beaucoup plus parfait que l’huître adulte : il possède un appareil locomoteur (velum) qui lui permet de nager avec rapidité, il est muni d’yeux et d’oreilles qui lui manquent dès qu’il est fixé. Parmi les gastéropodes, les chitons n’ont des yeux que dans la période embryonnaire ; les hipponyx perdent leur opercule et leur pied à la fin de cette même période.

    « Quelques acéphales perforants (pholadidea) arrivés à l’âge adulte ferment leur manteau, et sécrètent des pièces calcaires qui rendent tout mouvement impossible, leur pied disparaît et l’animal auparavant travailleur et actif reste dans une immobilité absolue. Ici la transformation régressive ne se montre que lorsque l’animal a atteint sa taille normale.

    « En suivant le même ordre d’idées, ne trouvons-nous pas une transformation régressive dans le changement de caractère et d’aptitude qui survient chez les singes anthropomorphes à l’âge adulte ? L’intelligence si développée chez l’animal jeune subit une dépression corrélative de la diminution de l’angle facial et de la prédominance des instincts.

    « La nature peut donc se transformer en abaissant ses manifestations au lieu de les élever dans l’échelle organique, et l’importance de cette propriété est capitale au point de vue de la doctrine de la filiation des êtres ; sans cela nous ne verrions plus aujourd’hui que les derniers termes des transformations perfectionnées ; les êtres inférieurs n’existeraient pas. »