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le quartier saint-séverin

Morts, une sorte de cave abjecte et noire, est surtout remplie, elle aussi, par de vieilles gens ; quant aux jeunes, ils s’entassent dans la seconde salle du bas, peinte de paysages dont le dessin balbutie et dont les couleurs divaguent ; ils représentent des prairies, un clocher d’église, une rivière, un pont sur lequel s’avance une noce. Cette pièce est comme une succursale de la maison Alexandre ; il y a là, jouant aux cartes et buvant du tord-boyaux, des gamins affreux, des joueurs de bonneteau, des carroubleurs, des marlous, pis ; l’horreur de ces gueules qui ricanent sous des cheveux plaqués, de ces bustes crapuleux qui se dandinent, de ces yeux qui dévalisent ! et, parmi ces faces méchantes et basses, une admirable, celle d’un ange de Botticelli, avec ses longs cheveux et ses prunelles atrocement claires, celle de la belle Clara », un limousin venu à Paris pour gâcher le plâtre et qui, à vingt ans, en est déjà à sa sixième condamnation pour attentat aux mœurs ; puis deux ou trois, moins inquiétants, à la physionomie de sous-offs chapardeurs, Francis, le chantre de ce bouge ; la Marine, un ancien matelot, deux carottiers bons enfants, à la solde de la police. Mais ce qui est plus effrayant que la troupe des jeunes gredins, ce sont les femmes : Antoinette, dite Mémêche, une même de dix-sept ans, une boule de graisse posée sur de courtes pattes, avec, dans un visage de