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le quartier saint-séverin

ciles issues des cartons de feu Flandrin ; enfin le curé actuel, qui est un brave homme, vraiment amoureux de son église, la débarrassa du maître-autel à baldaquin et remit la statue de la Sainte Vierge là où elle devait être, dans une des chapelles de l’abside. Pourquoi faut-il, hélas ! qu’avec tant de bonne volonté, il se soit laissé imposer d’horribles vitrailles agrémentées des portraits des bourgeoises qui les payèrent !

En dépit de ces tares et des sinistres peintures des Jobbé-Duval, des Signol, des Cornu, des Flandrin, des Heim et des Hesse, qui pourrissent heureusement et s’éteignent dans l’humide ceinture des chapelles, l’église de Saint-Séverin demeure quand même exquise. Bien qu’avec d’abominables et de clairs carreaux, signés du nom de Hirsch, on l’ait dépouillée du mystère apaisant de son ombre, l’abside n’en reste pas moins l’une des plus étonnantes ombellas que les artistes d’antan aient jamais brodées pour abriter le Saint-Sacrement de l’autel. Ils semblent en avoir emprunté la forme à la végétation du pays où naquit le Christ, car ils ont planté une futaie de palmiers dont un fruit tombe en une goutte de sang, en un rubis de veilleuse, devant le tabernacle. Et l’on y va, à cette abside où se tiennent les réserves de Dieu, par un chemin vraiment mystique, car les allées accouplées qui y mènent, en filant de chaque côté le