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le quartier saint-séverin

peinant sur une matière rare et dont la vente était limitée par des règlements. À la foire du Lendit où se tenait le marché du parchemin, le lendemain de la Saint-Barnabé, tous les ans, le recteur bénissait l’assemblée, avant que l’on n’arrêtât les prix. L’Université faisait examiner les rouleaux apportés dans la ville et les marchands ne pouvaient commencer leurs achats qu’après que les parcheminiers du Roi et de l’Évêque, les maîtres et les étudiants des Écoles avaient acquis leur provision pour l’année.

Les corporations des enlumineurs et des écrivains étaient exemptes de la charge du guet ; elles étaient puissantes et honorées, et cependant les mœurs de ces gens ne semblent pas avoir beaucoup différé de celles des malandrins. Dans le scriptorium des cloîtres, les moines écrivains, quand leur besogne était terminée, remerciaient Dieu de leur avoir permis de mener à bonne fin leur longue tâche et ils s’écriaient dans les explicit de leurs manuscrits : Deo gratias, feliciter, amen ! Les réflexions des copistes profanes sont autres et elles renseignent sur la nature de leurs goûts ; celle-ci, par exemple, citée par Lecoy de la Marche : Vinum scriptori detur de meliori (qu’il soit donné au copiste du vin, et du meilleur), — et un autre ajoute pulchra puella (une belle fille).

Cette rue des Écrivains, qualifiée maintenant de rue