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le quartier saint-séverin

ses habitants parmi lesquels figurent un huilier, un tailleur et un certain Nicolas « aux ij moutons », fabricant de cervoise. Aujourd’hui, elle recèle deux curiosités bien médiocres, un hôtel dit de la Littérature où logent les déclassés de la plume. L’on n’y reçoit pas les hommes en blouse et le prix de la chambrée est de dix sous ; l’autre est un restaurant pour petites noces d’étudiants ; il n’a de cocasse que son titre : « le Père Chocolat ». Au point de vue de la chère lie, nous sommes évidemment très loin du renom culinaire de cette rue où résidèrent deux émérites queux, Mignot, le pâtissier traiteur, célèbre au dix-septième siècle par l’excellence de ses biscuits, et Lesage qui, sous le règne de Louis XVI, n’eut pas son pareil pour conditionner de moelleux godiveaux et de savants pâtés.

Dans la rue de la Harpe prenait naissance la grande voie qui reliait en ligne droite cette rue à la place Maubert ; c’était la frontière de la paroisse, parallèle à celle du quai qui la limitait, à l’autre bord ; cette voie portait deux noms : — de la rue de la Harpe à la rue Saint-Jacques, rue du Fain ou du Foin ; — de la rue Saint-Jacques à la place Maubert, rue des Noyers ; celle-ci devint, au quatorzième siècle, rue Saint-Yves, à cause d’une chapelle dédiée à ce saint, puis elle reprit sa première dénomination, dont le sens demeure douteux.