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les gobelins

larges et mornes maisons vous suscitent l’image du roi Louis XIV, car la plupart d’entre elles ont gardé l’allure solennelle et pimbêche de son temps.

Les constructions élevées au quinzième siècle par Gobelin, tapissier de Reims, qui installa son industrie sur les bords de la Bièvre parce que l’eau de cette rivière était propice aux teintures, ont été, en effet, réédifiées, en partie, par les ordres de Colbert, après que le roi eut acquis ces immeubles et y eut établi des ateliers qu’il qualifia de ce titre pompeux : « Manufacture royale des meubles de la Couronne ».

Pendant deux cents ans, les tapisseries se succédèrent, tissées d’après les cartons de Le Brun, de Van der Meulen, de Coypel, de Vanloo, de Troy, d’Oudry, de Boucher, etc., des tapisseries tour à tour emphatiques et polissonnes ; et l’on reste étonné de la somme de travail fournie par les artisans de la haute lisse, lorsqu’on pense à la lenteur obligée de leur état et aux difficultés pécuniaires qu’il fallut vaincre pour pouvoir continuer de produire des œuvres onéreuses qui ne se vendaient point.

À dire vrai, malgré l’admiration qu’il est de bon goût d’étaler devant les tentures des Gobelins datées du dix-septième et du dix-huitième siècle, j’ai été ravi, après les avoir examinées dans les pièces qu’elles parent, de me trouver en face d’une vieille tapisserie