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le quartier saint-séverin

brusquement sur la place Maubert, qui s’évidait et se recourbait comme un croissant.

Cette sorte de triangle était couché à contre-fil de l’eau, sur le bord de la Seine.

La contexture de ce quartier s’est à peine modifiée. Il suffit de remplacer l’abreuvoir Mâcon par la place Saint-Michel, les rues au Fain et des Noyers par le boulevard Saint-Germain, pour s’y retrouver. Le quartier ressemble toujours à une équerre, cassée par le bout, mais l’extension de la rue Monge, baptisée dans son nouveau parcours du nom du physicien Lagrange, a déformé le croissant de la place Maubert et substitué au retroussis de ses accroche-cœurs les dents d’une fourche. En dépassant la place et en prolongeant hors de la paroisse la ligne du boulevard Saint-Germain jusqu’au quai, l’on a, reproduite, l’exacte image d’un morceau de Brie dont la pointe s’aiguise à la jonction de ce boulevard et du quai de la Tournelle.

Mais ce triangle réel, complet, est tout moderne. Au Moyen Âge, la dernière rue qui s’ouvrait, après la place Maubert, à l’est, était la rue Saint-Nicolas-du-Chardonnet ; elle courait devant le monastère des Bernardins, qui s’étendait jusqu’à la porte de la Tournelle.

Pour se bien figurer l’ancien aspect de ce coin de Paris, il faut évoquer le souvenir de certaines villes épargnées de l’Allemagne, ou se rappeler le quartier