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le quartier saint-séverin

bruit de verrous qu’on déclenche dès qu’elles s’ouvrent ; il serait enfin nécessaire de s’habituer à ces mélopées caillouteuses, à cette langue dont certains mots semblent frappés avec des cymbales, à ces oraisons broyées par des bouches du Midi, et qui n’épandent pour nous aucun arôme.

Mais venons-en à la messe même. Avant qu’elle ne commence, le prêtre et le diacre se dirigent vers un petit autel, tendu de bleu, et qui est posé à la gauche du grand autel. Là est préparé le pain levé au milieu duquel sont dessinées une hostie et une croix ; et le prêtre, avec un instrument qui figure la sainte lance, découpe l’hostie et la place sur une patène, la croûte en dessous et la mie en l’air ; elle rappelle ainsi l’agneau pascal tué, rôti, et couché sur le dos ; puis le diacre verse dans le calice de l’eau et du vin, le prêtre les bénit et dispose quelques parcelles du pain qui reste, sur la patène, en l’honneur de la Vierge et des saints ; ensuite il encense l’astérisque, une petite étoile de vermeil dont les tiges se recourbent et permettent au voile que l’on étend dessus de ne pas toucher au pain ; enfin il encense la table du sacrifice, le chœur, l’iconostase, les fidèles, toute l’église.

Ce petit autel, appelé prothèse, est l’image de la crèche de Bethléem, comme le grand autel est le symbole du gibet et du tombeau du Christ. L’un est