Page:Huysmans - A Rebours, Crès, 1922.djvu/77

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saillies, de pointes, d’archaïsmes, d’énigmes, le tentait. Volontiers, il relisait les panégyriques où cet évêque invoque, à l’appui de ses vaniteuses louanges, les déités du paganisme, et, malgré tout, il se sentait un faible pour les affectations et les sous-entendus de ces poésies fabriquées par un ingénieux mécanicien qui soigne sa machine, huile ses rouages, en invente, au besoin, de compliqués et d’inutiles.

Après Sidoine, il fréquentait encore le panégyriste Mérobaudes ; Sédulius, l’auteur de poèmes rimés et d’hymnes abécédaires dont l’Église s’est approprié certaines parties pour les besoins de ses offices ; Marius Victor, dont le ténébreux traité sur la Perversité des mœurs s’éclaire, çà et là, de vers luisants comme du phosphore ; Paulin de Pella, le poète du grelottant Eucharisticon ; Orientius, l’évêque d’Auch, qui, dans les distiques de ses Monitoires, invective la licence des femmes dont il prétend que les visages perdent les peuples.

L’intérêt que portait des Esseintes à la langue latine ne faiblissait pas, maintenant que complètement pourrie, elle pendait, perdant ses membres, coulant son pus, gardant à peine, dans toute la corruption de son corps, quelques parties fermes que les chrétiens détachaient afin de les mariner dans la saumure de leur nouvelle langue.

La seconde moitié du ve siècle était venue, l’épouvantable époque où d’abominables cahots bouleversaient la terre. Les Barbares saccageaient la Gaule ;