peintre à l’huile, il est médiocre et d’une balourdise qui désespère.
Mais il n’est heureusement pas tout entier dans ces toiles. Un très réel artiste va maintenant sortir de ses œuvres les moins prônées, de ses crayons noirs rehaussés de pastel.
Parmi cette série d’œuvres, celles où s’accuse le plus nettement le tempérament du peintre, sont, à n’en point douter, ses aubes de campagne nue encore endormie, d’où la figure humaine est bannie ou, à l’horizon, visible à peine.
Alors, il révèle une émotion toute particulière devant « ce petit jour » qui agit si singulièrement sur l’homme. Pour les sensitifs, c’est une sorte de malaise et de trouble ; il y a attente d’on ne sait quoi, d’un jour neuf, d’un seuil de matinée, d’un inconnu qu’on rêve ; il y a une inquiète surprise à voir ce silencieux accouchement de la lumière sortant peu à peu de la matrice élargie d’un ciel ; il y a frisson d’esprit, froid d’âme, désir que ce provisoire de nature cesse, que ces ténèbres passent. Le lever du soleil n’agit pas ainsi sur Millet, dont les nerfs ne vibrent guère, mais une impression étrange