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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/70

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CERTAINS

guinées pour avoir jeté un pot de peinture à la face du public [1].

M. Wischler s’indigne et, en bon Américain, actionne, pour dépréciation de sa marchandise le critique, devant la Chambre de l’Échiquier qui condamne à un liard de dommages-intérêts M. Ruskin.

Puis M. Wisthler se décide à exposer de nouveau en France. Il envoie au salon de 1882 un portrait noir, fantomatique, surtout bizarre. Ce n’est, en somme, que l’année suivante qu’il nous sera permis d’admirer l’extraordinaire personnalité de ce peintre.

Au salon officiel, il apporte le portrait de sa mère, une vieille dame se découpant de profil, dans ses vêtements noirs, sur un mur gris que continue un rideau noir, tacheté de blanc. C’est inquiétant, d’une couleur différente de celle que nous avons coutume de voir. La toile est, avec cela, à peine chargée, montrant, pour un peu, son grain. L’accord du gris et du noir de l’encre de chine était une joie pour les yeux surpris de

  1. À Londres, dans les Expositions, un registre est ouvert sur lequel le peintre inscrit le prix auquel il prétend coter son œuvre.