Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/124

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vitrines aux boiseries grises, rechampies de filets bleu pâle, se dressent le long des murs, bondées du haut en bas d’oiseaux empaillés et repeints.

L’une d’elles, située en face de la porte d’entrée, contient dans son rayon du bas des cygnes au bec de bois jaune, aux ventres crevant de foin, aux cous rétrécis, inégalement bourrés, dessinant des S blanches et des ibis sacrés, aux pattes ciragées à tour de brosses, aux têtes de ce rouge sale qu’a la confiture de groseille bue par le pain.

Puis, sur les planches échelonnées jusqu’en haut, s’étage une tiolée d’oiseaux, des grands, des moyens, des petits, des tortus, des bancroches, des droits, des volatiles aux airs de bons enfants ou de mauvais bougres tendant des becs courbés en fer de pioches, allongés en pointes de clous, des becs simulant des canules et des pinces à sucre, et tous ont le même œil en cocarde, orange et noir, le même regard idiot et fixe, tous ont des habits couleur de muscade et de poivre, des plumages atrocement fanés, des dégaines bêtement satisfaites d’acteurs.

Vue de près, la large et lugubre tache que jette dans les armoires vitrées cet assemblage de teintes mornes montre, en se décomposant, rangés sans distinction d’amitié et de caste, dans une promiscuité de misère et de vermine, des combattants aux nez en becs de seringues, regardant avec des mines hargneuses et chipies de petites cailles, l'œil au ciel,