Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Jamais femmes ne furent plus désirables qu’à ces instants où les robes d’oxford les moulent de pied en cap, collantes comme les chemises mouillées qui les emprisonnent dessous. L’appel du baume de leurs bras est moins insolent, moins cynique que dans le bal où elles sont plus nues, mais il décage plus aisément la bête chez l’homme.

Diverse comme la couleur des cheveux, ondoyante comme les boucles qui la recèlent, l’odeur du gousset pourrait se diviser à l’infini ; nul arôme n’a plus de nuances, c’est une gamme parcourant tout le clavier de l’odorat, touchant aux entêtantes senteurs du seringat et du sureau, rappelant parfois le doux parfum des doigts qu’on frotte après y avoir tenu et fumé une cigarette.

Audacieux et parfois lassant chez la brune et chez la noire, aigu et féroce chez la rousse, le gousset est flottant et capiteux ainsi que certains vins sucrés chez la blonde, et l’on pourrait presque dire qu’il est en complète accordance avec la façon qu’ont les lèvres de distribuer le baiser, plus appuyée et plus colère chez les brunes, plus fervente, plus personnelle peut-être chez les blondes.

Mais que la couleur des toisons poussées dans les dessous de bras soit foncée ou claire, que leur bouquet ondule comme une moustache, ou frise comme de minces copeaux d’acajou et de palissandre, il faut avouer que la nature est ma-