Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/168

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Puis la vision s’envola et une odeur fine de bergamote et de frangipane, de moos-rose et de chypre, de maréchale et de foin qui traînait çà et là, mettant comme une de ces touches sensuelles de Fragonard, un papillotage de rose dans ce concert de fadeurs exquises, jaillit, pimpante, énamourée, cheveux poudrés de neige, yeux caressants et lutins, grands falbalas couleur d’azur et de fleur de pêcher, puis s’effaça peu à peu et s’évanouit complètement.

À la maréchale, au foin, à l’héliotrope, à l’iris, à toute cette palette de nuances lascives ou calmées, succédèrent des tons plus vifs, des couleurs enhardies, des odeurs fortes : le santal, le havane, le magnolia, les parfums des créoles et des noires.

Après les fluides légers, les glacis vaporeux, les senteurs caressantes et ensommeillées ; après les roses affaiblis et les bleus mourants, après les surjets de couleurs et les réveillons des tropiques, crièrent bêtement les rabâcheries vulgaires : lourdeur des ocres, pesanteur des gros verts, épaisseur des bruns, tristesse des gris, bleuissement noir des ardoises ; et de lourds effluves de seringat, de jacinthe, de portugal, rirent de toute leur face béatement radieuse, de toute leur face de beautés banales aux cheveux noirs et pommadés, aux joues laquées de rouge et plâtrées de talc, aux jupes tombant sans grâce, le long de corps veules et gras. Puis vinrent des apparitions spectrales, des enfantements