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IV



À Paul Daniel.




Le morceau de musique est terminé, un silence lui succède et un coup de timbre retentit. La toile se lève, la scène reste pourtant vide, mais des hommes vêtus de blouses de toile grise à parements et à collets rouges courent dans tous les coins de la salle, tirant des cordes, défaisant des crampons, arrangeant des nœuds. Le vacarme reprend, deux ou trois hommes se démènent sur la scène, tandis qu’un mieux mis les regarde. On s’apprête à tendre un immense filet, au milieu de la scène, par-dessus l’orchestre. Le filet oscille, quitte les parois du balcon où il est roulé, puis, courant sur ses anneaux de cuivre, il bruit comme une mer qui joue avec des galets.

Des bravos crépitent dans toute la salle. L’orchestre moud une valse de clowns ; une femme et un homme entrent, habillés de maillots chair, avec