Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/223

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se plaisait à longer les ruelles oubliées, les rues provinciales et pauvres, à surprendre, par les fenêtres des rez-de-chaussée, les mystères des petits ménages. Mais, aujourd’hui, les rues calmes et muettes étaient démolies, les passages curieux, rasés. Impossible de regarder par les portes entrouvertes des vieilles bâtisses, d’apercevoir un bout de jardinet, une margelle de puits, un coin de banc ; impossible de se dire que la vie serait moins rechignée, moins rogue, dans cette cour, de rêver à l’époque où l’on pourrait se retirer dans ce silence à réchauffer sa vieillesse dans de l’air plus tiède.

Tout avait disparu ; plus de feuillage, de massifs, plus d’arbres, mais d’interminables casernes s’étendant à perte de vue ; et M. Folantin subissait dans ce Paris nouveau une impression de malaise et d’angoisse.

Il était l’homme qui détestait les magasins de luxe, qui, pour rien au monde, n’eût mis les pieds chez un coiffeur élégant ou chez un de ces modernes épiciers dont les montres ruissellent de gaz ; il n’aimait que les anciennes et simples boutiques où l’on était reçu à la bonne franquette, où le marchand n’essayait pas de vous jeter de la poudre aux yeux et de vous humilier par sa fortune.

Aussi avait-il renoncé à se promener, le dimanche, dans tout ce luxe de mauvais goût qui envahissait jusqu’aux banlieues. D’ailleurs, les flânes