Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/228

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bout. » Et, le matin venu, il se levait les jambes brisées, la tête étourdie et molle.

Le moment était du reste pénible ; l’hiver sévissait et le froid de la bise rendait enviable le chez-soi et odieux le séjour des traiteurs dont on ouvre constamment les portes. Tout à coup, un grand espoir bouleversa M. Folantin. Un matin, dans la rue de Grenelle, il avisa une nouvelle pâtisserie qui s’installait. Cette inscription flambait en lettres de cuivre, sur les carreaux : « Dîners pour la ville. »

M. Folantin eut un éblouissement. Est-ce que ce rêve si longtemps caressé de se faire monter à dîner chez soi allait pouvoir enfin se réaliser ? Mais il resta découragé, se rappelant ses inutiles chasses dans le quartier, à la recherche d’un établissement qui consentît à porter au-dehors de la nourriture.

Ça ne coûte rien de demander, se dit-il enfin, et il entra.

— Mais certainement, Monsieur, lui répondit une jeune dame enfouie dans un comptoir et dont le buste était entouré de saint-honorés et de tartes. Rien n’est plus facile, puisque vous logez à deux pas. Et à quelle heure désirez-vous qu’on vienne ?

— À six heures, fit M. Folantin, tout palpitant.

— Parfaitement.

Le front de M. Folantin s’assombrit.