Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/246

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autre, je me déshabillerai, tu verras, comme je serai gentille.

M. Folantin céda, tout en déclarant qu’il préférait qu’elle ne fût pas nue, et alors elle l’embrassa si habilement qu’une bouffée de jeunesse lui revint, qu’il oublia ses résolutions et perdit la tête ; puis à un moment, comme il tardait, tout en s’empressant : « Ne t’occupe pas de moi... dit-elle, ne t’occupe pas de moi... fais ton affaire. »

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M. Folantin descendit de chez cette fille, profondément écœuré et, tout en s’acheminant vers son domicile, il embrassa d’un coup d'œil l’horizon désolé de la vie ; il comprit l’inutilité des changements de routes, la stérilité des élans et des efforts ; « il faut se laisser aller à vau-l’eau ; Schopenhauer a raison, se dit-il, « la vie de l’homme oscille comme un pendule entre la douleur et l’ennui ». Aussi n’est-ce point la peine de tenter d’accélérer ou de retarder la marche du balancier ; il n’y a qu’à se croiser les bras et à tâcher de dormir ; mal m’en a pris d’avoir voulu renouveler les actes du temps passé, d’avoir voulu aller au théâtre, fumer un bon cigare, avaler des fortifiants et visiter une femme ; mal m’en a pris de quitter un mauvais restaurant pour en parcourir de non moins mauvais, et tout cela pour échouer dans les sales vol-au-vent d’un pâtissier ! »