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Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/262

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part du repas et tirait un bénéfice quelconque de sa dépense.

Son premier soin, quand il revint à Beauchamp, après la mort de son père, fut d’épouser une femme riche et laide ; il eut d’elle une fille également laide, mais malingre, qu’il maria toute jeune à M. Lambois qui atteignait alors sa vingt-cinquième année et se trouvait déjà dans une situation commerciale que la ville qualifiait de « conséquente ».

Devenu veuf, Maître Le Ponsart avait continué d’exploiter son étude, bien qu’il ressentît souvent le désir de la vendre et de retourner se fixer à Paris où la supercherie de ses adroites prévenances ne se fût pas ainsi perdue dans une atmosphère tout à la fois lanugineuse et tiède.

Et pourtant où eût-il découvert un milieu plus propice et moins hostile ? Il était le personnage le plus considéré de ce Beauchamp qui ne lui marchandait pas son admiration en laquelle entraient, pour dire vrai, du respect et de la peur. Après les éloges qui accompagnaient généralement son nom, cette phrase corrective se glissait d’habitude : « C’est égal, il fait bon d’être de ses amis », et des hochements de tête laissaient supposer que Maître Le Ponsart n’était point un homme dont la rancune demeurait inactive.

Son physique seul avertissait, tout en les décon-