Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/267

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n’était pas dupe de ses manigances et était bien résolu à ne point se laisser voler sa place, il y rêvait, non seulement pour lui, dont les convoitises seraient exaucées, mais aussi pour son fils qu’il destinait au sacerdoce des préfectures. Une fois que Jules aurait passé sa thèse, M. Lambois espérait bien, par ses protections, par ses démarches, le faire nommer sous-préfet. Il comptait même agir si fortement sur les députés, qu’ils le feraient placer à la tête du département de la Marne ; alors, ce serait son enfant à lui, Lambois, ex-bonnetier retiré des affaires, qui régirait ses compatriotes et qui administrerait son département d’origine. Positivement, il eût vu dans l’élévation de son fils à un si haut grade, une sorte de noblesse décernée à sa famille dont il vantait pourtant la roture, une sorte d’aristocratie qu’on pourrait opposer à la véritable, qu’il exécrait, tout en l’enviant.

Mais tout cet échafaudage de désirs avait croulé ; la mort de son enfant avait obscurci cet avenir de vanité, brouillé cet horizon d’orgueil, puis, il avait réagi contre ce coup, et ses ambitions familiales s’étaient renversées sur ses ambitions personnelles et s’y étaient fondues. Avec autant d’âpreté, il souhaitait maintenant d’entrer au conseil général et, soutenu par Maître Le Ponsart qui le guidait pas à pas, il s’avançait peu à peu, sans encombre, souvent à plat ventre, espérant une élection bénévole, sans