Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/275

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Il s’estima lui-même ridicule, hocha la tête, regarda le café pour se distraire, puis il chercha en l’air les traces des tuyaux chargés d’amener le gaz dans d’étonnants lustres à pendeloques qui descendaient du plafond culotté comme l’écume d’une vieille pipe, s’amusa à énumérer les cuillers, disposées en éventail, dans une urne de maillechort, sur le comptoir ; pour varier ses plaisirs il contempla, par les vitres, le jardin qui s’étendait presque désert, à cette heure, avec ses quelques statues lépreuses, ses kiosques bigarrés et ses allées plantées d’arbres, aux troncs biscornus, frottés de vert ; au loin un petit jet d’eau s’élevait au-dessus d’une soucoupe, pareil à l’aigrette d’un colonel : cela ressemblait à l’un de ces jardins de boîtes à joujoux qui sentent toujours le sapin et la colle, à un jouet défraichi de jour de l’an, serré, de même que dans une grande boîte à dominos sans couvercle, entre les quatre murs de maisons pareilles.

Ce spectacle le lassa vite ; il revint à l’intérieur du café : lui aussi, était à peu près vide ; deux etangers fumaient, trois messieurs disparaissaient derrière des journaux ouverts, ne montrant que des mains sur le papier et sous la table des pantalons d’où sortaient des pieds ; un garçon bâillait sur une chaise, la serviette sur l’épaule, et la dame du café balançait des comptes.