Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/284

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Non, il manquait de raffinement, mon petit fils, car elle est singulièrement rustique, la brave fille ! — Et il lorgnait ses mains un peu grosses, à l’index poivré par la couture, aux ongles dépoli, par le ménage et crénelés par la cuisine. Mal mise, sans aucun chic, la poupée à Jeanneton, pensait-il. Sans même qu’il s’en rendît compte, cette constatation aggravait auprès de lui la cause de la femme. Les cheveux mal peignés qui lui tombaient sur les joues l’incitèrent à se montrer brutal.

— Mademoiselle, — et il s’arrêta devant elle, — il faut que je vienne pourtant au fait. M. Lambois tout en reconnaissant les bons soins que vous avez prodigués à son fils, à titre de bonne, ne peut naturellement admettre que cette situation se perpétue. Je vais donner congé à ce logement aujourd’hui même, car nous sommes le 15 et il est temps ; demain je ferai emporter les meubles ; reste la question pécuniaire qui vous concerne.

M. Lambois a pensé, et cet avis est le mien, qu’étant données les laborieuses qualités dont vous avez fait preuve, Jules ne pouvait avoir une servante aussi dévouée, à moins de quarante-cinq francs par mois, prix fort, comme vous ne l’ignorez pas, à Paris, — car, nous autres campagnards, ajouta le notaire entre parenthèses, nous avons chez nous des domestiques, à un prix beaucoup moindre, mais peu importe. — Donc, nous