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VIII



CE qui est vraiment admirable, vraiment unique, c’est le cachet boulevardier de ce théâtre.

C’est laid et c’est superbe, c’est d’un goût outrageant et exquis ; c’est incomplet comme une chose qui serait vraiment belle. Le jardin avec ses galeries du haut, ses arcades découpées en de grossières guipures de bois, avec ses losanges pleins, ses trèfles évidés, teints d’ocre rouge et d’or, son plafond d’étoffe à pompons et à glands, rayé de grenat et de bis, ses fausses fontaines Louvois, avec trois femmes adossées entre deux énormes soucoupes de simili-bronze plantées au milieu de touffes vertes, ses allées tapissées de tables, de divans de jonc, de chaises et de comptoirs tenus par des femmes amplement grimées, ressemble tout à la fois au bouillon de la rue Montesquieu et à un bazar algérien ou turc.

Alhambra-Poret, Duval-Moresque, avec une vague