Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/44

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trombone, au pif chaussé de lunettes, aux joues tendues, enflammées comme un derrière épluché de singe, qui s’entrait et se retirait avec grand bruit de l’estomac des tuyaux de cuivre.

— Si c’est Dieu possible ! hein, croyez-vous, ma chère ? mais son amie ne l’écoutait plus ; elle suivait des yeux, au loin, sa fille dans la foule, et elle ne la voyait que de dos, son visage étant collé contre celui du sergent ; alternativement, du rouge de pantalon et du blanc d’épaulettes, puis du noir de robe et du blanc de jupes, apparaissaient et disparaissaient dans un tournoiement. Bientôt elle perdit complètement Léonie de vue ; une poussière rousse s’élevait du plancher et se mêlait à une buée d’étuve en suspens sous le toit. Au-dessous d’elle, çà et là, dans un fourmillement, l’éternelle culotte rouge galopait, des basques de tuniques d’un noir bleu sautaient dessus, mouchetées par leurs boutons de points d’argent ou d’or ; de tous les côtés près des figures, les franges des épaulettes grouillaient ainsi que des vers blancs.

La salle semblait vaciller ; les feux des disques clignotaient lentement dans la brume ; les silhouettes des soldats et des filles s’agitaient maintenant comme brouillées, dans une eau chaude et trouble.

Des gouttes tombèrent du plafond où se résolvait la buée ; Mme Haumont leva le nez en l’air.

— Comprend-on qu’on laisse un toit ? Ah ! Thé-