Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/49

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tu as encore du vin, bois, dit-elle, s’adressant au cuirassier qui fumait immobile, et elle se jeta hors de l’estrade, et s’enfonça dans l’infanterie.

— Ah ! cette rencontre ! dit-elle, s’arrêtant devant un homme vêtu d’un ignoble paletot noisette, d’un pantalon crasseux de cheviote, de bottines claquées et vernies aux talons éculés, d’un foulard groseille bordant la graisse du collet et cachant le linge.

Mais une immense clameur couvrait sa voix. Un vis-à-vis, un vis-à-vis !’ ce cri s’élevait par toute la salle.

— Reste là, chérie, dit Mme Haumont à Léonie. Tu es fatiguée, et il est tard.

— Oh ! rien qu’une figure, dit-elle, apercevant Jules qui s’approchait d’elle, et entraînée par le sergent, elle disparut dans la fumée.

— Il est presque minuit, soupira la mère d’un ton contrarié, c’est aujourd’hui dimanche, bal de nuit. J’aurais pourtant bien voulu partir avant l’entrée des bousins. Tenez, Madame Tampois, quand je vous disais, les v’là qu’arrivent !

Et, en effet, par la porte grande ouverte, jaillissait, en chahutant, tout un tohu-bohu de chapeaux et de jupes ; sous des buissons de panaches et des taillis de plumes, sous des feutres mousquetaire aux ailes extravagantes, des ronds de pâte rose se renversaient, creusés de trous bordés d’écarlate d’où s’échappaient des hurlements. Des hourras