Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/51

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La mâtine, soupira Mme Haumont, cherchant des yeux sa fille. Ah ! tu te décides, c’est vraiment pas trop tôt. Allons, voyons, puisque te voilà, dépêchons-nous, car il est tard. Les femmes s’habillèrent, pendant que le petit sergent embrassait sa tante et serrait vivement la main à toutes, à tour de rôle ; puis elles descendirent de l’estrade et tâchèrent de se faufiler dans le camp des cuirassiers ; mais, dès les premiers pas, elles durent s’arrêter.

— Retournons sur nos pas et gagnons la salle de danse, proposa Mme Tampois, Léonie, suis-moi, je tiens la rampe. Et elle longeait la balustrade séparant en deux compartiments la salle, mais de ce côté-là, la retraite était maintenant fermée ; elles ne pouvaient plus ni avancer, ni reculer. Un jour se fit, dans lequel s’élança Mme Tampois ; Mme Haumont et sa fille se précipitèrent sur ses traces, mais elles butèrent du nez contre son dos ; le corps de la mercière touchait complètement la fissure où elle était entrée ; Mme, Tampois était prise ainsi qu’entre deux portes. Furieuse, elle pesa de tout son poids sur les gens qui l’entouraient ; à coups de coudes, elle se fraya un passage dans un groupe, entraînant Léonie que poussait sa mère et que je suivis à l’arrière-garde, et dans les huées des femmes bousculées, dans les injures des garçons de café dont les plateaux de bocks vacillaient au-dessus des têtes, dans les cris de cannibales jetés par les