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LA BLANCHISSEUSE

Depuis Nausicaa d’homérique et ennuyeuse mémoire, les reines ne lavent plus leur linge elles-mêmes, et si j’excepte ces déesses élues à la mi-carême, dans le clapotis des litres et le cahot des verres, le nettoyage des jupons et des bas est depuis longtemps confié à de bonnes soussouilles dont les gros bras font marcher le fer. Depuis nombre d’années, les blanchisseuses ne sont plus parfumées au benjoin et à l’ambre comme les roses lavandières de Lancret ou, si celles-ci existent encore, elles n’exercent leur métier que par intermittences et leur véritable profession est sans doute plus lucrative mais moins avouable.

Ah ! leur réputation est mauvaise… Ah ! les vieilles rôdent comme des chiennes, briffent et boissonnent, assoiffées par le feu des poêles… Ah ! les jeunes gourgandinent, enragées d’amour et courent de longues prétentaines au sortir des lavoirs !… Eh bien quoi ? Pensez-vous donc que leur vie soit