Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/130

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lorsqu’il s’agissait de lui donner un corps et de la rendre. Il persistait dans sa volonté, mais il n’essayait même pas de tourner l’obstacle, se bornait à l’épier, attendant prudemment une occasion, un moment propice. Au fond il bloquait une œuvre pour ne pas lui livrer assaut et une fois campé devant elle, il se relâchait et s’acagnardait dans l’inaction. Bien qu’il s’obstinât à ne pas entamer un chapitre autre que celui contre lequel il se battait, il ne parvenait pas à réagir contre ses défaillances, contre son ennui. – La chose, aussitôt commencée, le lassait. – Il relisait le chapitre entamé puis se promenait, cherchant la suite, finissait par feuilleter un livre et enfoncé dans un fauteuil, loin de sa table de travail, il ne songeait plus à son œuvre, absorbé par celle des autres.

Il n’avait pas, au demeurant, le coup instinctif et furieux, le coup inattendu et lancé droit de Cyprien, mais, d’un autre côté, n’eût été son inconstance dans le travail, son apathie dans la vie, son gnian-gnian dans l’attaque, il aurait créé une œuvre moins brillante, moins saccadée, moins accomplie au petit bonheur, mais plus sagement conçue et plus solidement faite.

Avec les nécessités de ce tempérament impressionnable, avec ces nécessités de quiétude et de bien-être, ce dégoût des choses acquises, ce manque de ressort devant une résistance, ce caractère versatile et mal assis, il avait forcément abouti, dans ses livres, à un ou deux romans len-