Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/143

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tablier ! Une véritable maison de passe, conclut le quartier en chœur ; on ne savait réellement à quoi songeait la police, en tolérant des saletés pareilles !

André eut d’abord la tentation d’aller casser une canne sur le nez du boulanger et de la portière, puis il réfléchit que ce serait stupide et qu’il aurait tous les torts. Il ragea et se tint tranquille. Il était arrivé au bout de quelque temps, à un solide et calme mépris de ces bélîtres, quand les disputes de Mélanie et du concierge réveillèrent ses fureurs et lui firent appréhender, dans sa nouvelle rue, une semblable explosion d’ordures ; il ne respira et ne reprit véritablement son assiette que lorsque les querelles parurent avoir désormais pris fin.

Une, deux, trois semaines, s’écoulèrent encore. Il entra dans une période complète de quiétude, travailla d’arrache-pied et, à l’abri des revendications de Berthe et des Désableau qui acceptaient les conditions posées par le notaire, isolé des relations ennuyeuses et des corvées du monde, allégé des tracas du ménage, savourant la paix d’un homme constamment déboutonné et en pantoufles, il rappela peu à peu ses manies de garçon, s’épanouit dans un bonheur de sans-gêne et de bonne chère ; il se trouva, en un mot, parfaitement heureux.