Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ques et de giroflées, de pots de moutarde pleins de persil et d’eau, de langes trempés, de blouses déteintes et séchant sur des cordes ; là, trois ou quatre femmes, tendant de gros ventres sous des robes mal attachées et trop courtes du devant, montrant des têtes barbarement enluminées aux joues, causaient entre elles, en rond, sous un réverbère.

Le cœur défaillant, ils avaient écouté l’invite de ces raccrocheuses. Ils hésitaient, pris de peurs horribles, de hontes subites, de défiance contre cet inconnu où ils entraient, puis, tous deux s’étaient fait violence et ils avaient poliment offert, ainsi qu’à des dames, le bras à ces dondons, stupéfiées par ces belles manières. Les couples avaient ainsi traversé la rue, exhibant une fuite grotesque de dos étriqués de jeunes hommes et d’épaules énormes de commères qui marchaient en cahotant, comme des canes.

Une fois isolé dans une pauvre chambre, mal éclairée par un bout de chandelle, devant un lit défait et une cuvette en permanence sur le carreau, une envie de se sauver avait empoigné André. Ses désirs de collège ne le chauffaient plus. – L’acte brutal était là. – La crainte de paraître enfantin et niais ajoutait encore à ses angoisses.

Il était heureusement tombé sur une brave femme que cette jeunesse avide et troublée intéressait. Elle eut pour lui une certaine bonne grâce, un accueil presque maternel ; elle lui vida sa petite bourse, en faisant appel à son bon cœur, lui vola une bouteille