Aller au contenu

Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

André accepta aussitôt.

— Ah ça, voyons, avec tout cela, quelle heure est-il ? interrogea le monsieur.

Cyprien ne jugea pas utile de tirer sa montre ; il consulta de préférence l’horloge des cafés, qui avance toujours. – Dix heures vingt, dit-il.

— Fichtre, cria le gros homme, je me sauve, et il ajouta, d’un ton obligeant : vous ne sortez pas avec moi ?

— Non, pas encore, puisque nous avons tant fait que d’attendre l’ami qui nous a donné rendez-vous ici, nous allons rester quelque temps encore.

Alors, tous les trois se levèrent, se prirent les mains et le monsieur dit à André en lui serrant le bout des doigts : enchanté de vous avoir rencontré, mon cher ami, je regrette de ne pouvoir demeurer plus longtemps avec vous, mais vous savez, il n’est si bonne société qu’il ne faille quitter, mes respects, je vous prie, n’est-ce pas, à madame votre femme quand vous la verrez.

Ouf, poussa le peintre et il regarda, les bras croisés, branlant furieusement la tête, André qui ne répondit pas.

Au fond, Cyprien s’était inutilement évertué à vouloir distraire la conversation. Un seul mot avait suffi pour faire sourdre les douleurs engourdies d’André. Depuis que leur ami avait relaté sa visite aux Désableau, André n’écoutait plus que d’une oreille ses commérages et ses conseils. Il était transporté dans la maison de Viroflay et il aurait pu la décrire tant il la voyait, blanche et claire avec des volets verts,