Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/187

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chaud, dans un lit solitaire, chez soi, libre d’y fumer, libre d’y lire, sans gêne d’aucune sorte, sans obligation d’écouter et de répondre, ne s’étaient pas montrés.

Il n’avait eu, en somme, aucun leurre. Pas bégueule et suffisamment polissonne, d’une invisible mauvaise foi dans ses expansions, d’une jovialité récréante dans ses caresses, cette fille enchanta André.

Ils s’étaient réveillés, le matin, et l’embarras de deux gens qui, se connaissant à peine, se retrouvent, les yeux bouffis, l’haleine gâtée, les jambes entortillées les unes dans les autres, avait été rompu par Blanche qui laça gentiment ses bras autour du corps d’André. Ils s’étaient embrassés, puis le jeune homme avait sauté du lit, la priant de ne pas se déranger, comme elle le proposait, pour lui indiquer la place des outils de toilette.

Une fois dans le petit cabinet où trônait sous une planche pleine de bottines, dans un fouillis de camisoles et de jupes, un lavabo plaqué de marbre, André, la figure dans la cuvette, faisant le dauphin avec son nez, avait continué d’échanger des mamours avec Blanche qui lui criait de son lit : tu sais la serviette à figure, c’est la première à gauche, sur le séchoir.

— Près du seau hygiénique, n’est-ce pas ?

— Oui, mon chéri ; tu as le savon ?

— Oui, oui, ne t’inquiète pas ; – et, dans un dégoulinis d’eau, dans un bruit de lavage, les gracieu-