Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le manque de brosses à tête, de brosses à dents, et de chaussons, le dégoût de soulever un peigne hérissé de cheveux, et de déterrer, près des vieux philocomes, enfouie dans un tas de linge, la serviette à figure, graissée par le cold-cream, le révoltèrent. Il se promit de ne plus découcher et il adopta un autre système. Il alla dîner chez Blanche et retourna chez lui, vers les onze heures. Ce procédé lui sembla tout d’abord satisfaisant, puis il le jugea coûteux car il laissait dix francs en sus de son louis, pour payer le repas. Ses moyens ne pouvant supporter de telles dépenses, il espaça ses visites.

Un certain froid en résulta. Les légers fils qui l’attachaient à Blanche se déliaient de plus en plus. Il s’aperçut qu’elle demeurait loin et régulièrement il la négligea. Elle, de son côté, le comprit au nombre de ses clients incertains, ne se gêna plus et ne fut pas chez elle, plusieurs fois, lorsqu’il y vint.

Ces absences l’achevèrent. Ces soirs-là, il avait congédié sa bonne et il descendait, désorbité, de chez cette fille, rôdait dans la rue, obligé de tuer une heure, en se promenant, avant que d’aller s’abattre dans le coin d’un restaurant. Là tristesse de ces repas le dégoûta plus encore que l’imprévu qui manquait chez elle.

Comme toujours, Mélanie combla la mesure, s’étonnant que monsieur ne découchât et ne dinât pas en ville.

— Allons, disait-elle amicalement, je vois que monsieur aime le changement et par fanfaronnade, par